Elle frappait son enfant régulièrement: "Mais j'étais la seule à m'en occuper"
L’Amaytoise avait pris l’habitude de gifler sa fille de 3 ans. Mais la gifle n’a pas la même signification pour tout le monde.
- Publié le 28-04-2024 à 07h51
On croit rêver, mais non, la réalité est là, comme pour mettre un goût de cendre dans la bouche de la partie civile, qui était là pour le papa de la petite fille, alors âgée de 3 ans au moment des faits. "Nous sommes en 2024, plaidait Me Burton, et quand on ne veut pas d’enfants, on peut faire le nécessaire. Je suis atterrée, interpellée par ces faits." Pour lesquels elle a réclamé, en tant que partie civile, 5 000 € pour cette petite qui, aujourd’hui, est en bonne santé et vit avec son papa.
L’affaire concerne une jeune maman amaytoise, aujourd’hui domiciliée à Liège. C’est en mai 2022 que les faits se déroulent et qui ne sont que la suite logique d’un comportement immature et irresponsable. Déjà mère de deux enfants, la prévenue est de nouveau enceinte et elle dira de suite à la présidente du tribunal qu’elle n’a jamais voulu de cet enfant. "J’ai fait un déni de grossesse", dit-elle. Comme si c’était une maladie dont on peut guérir en maltraitant son enfant. "Je faisais tout pour ma fille, mais pas comme une maman. Je n’éprouvais aucun lien affectif avec elle. Ce jour-là, la petite était enrhumée et il fallait donc lui déboucher le nez. Mon compagnon de l’époque est alors sorti sans m’attendre. Je me suis énervée, j’étais à bout. Je lui ai donné une gifle."
Une gifle ? "Vous n’y avez pas été de main morte, s’exclame la présidente du tribunal. J’ai vu les photos et c’est choquant." Car les comportements envers sa fille, l’Amaytoise ne nie pas qu’ils étaient violents et avec une minutieuse régularité. "Oui, avoue-t-elle, j’y allais assez bien avec elle. Mais il n’y avait que moi pour m’en occuper."
Des faits identiques sur son premier enfant
S’en occuper ? Le mot n’est pas adéquat: la petite ne marchait toujours pas à l’âge de 30 mois et, une fois à l’école, les institutrices avaient pointé un gros retard de langage. Pour ces dernières, il y avait ce constat d’un manque d’affection. "Si elle ne marchait pas, expliquait la substitute du Procureur, c’est parce que la maman l’obligeait à rester assise pour ne pas devoir courir derrière elle. Et dois-je rappeler que la prévenue a agi de même pour son premier enfant, un garçon né d’un autre père ? Les faits se sont déroulés en 2015-2016 et il y a, heureusement pour la maman, prescription. "C’est inquiétant !"
Autant que savoir que la prévenue a accouché ensuite sous X d’un deuxième enfant et qu’il a été adopté. C’est peut-être ce dernier qui a eu le plus de chance avec la vie.
Encore qu’un quatrième enfant est né de celle qui a fondé un nouveau couple.
"Madame a acquis de la maturité, précise son conseil. Elle est aujourd’hui encadrée par les services du SAJ. La situation est donc différente. Je plaide donc pour que s’installe autour d’elle un dispositif probatoire. Le mieux, cela serait de prononcer une peine de probation autonome, ce qui évite de se retrouver avec un casier judiciaire."
La maman ne travaille pas et compte suivre une formation, sans trop savoir dans quel domaine. Sans doute pas dans la puériculture. En attendant, elle dit suivre une thérapie.
Jugement le 24 mai.